Sitôt arrivé, sitôt raconté...
Publié : 01 Nov 2006, 15:48Je m'y colle aussi car c'est une histoire amusante :
Je dirigeais un poney club avec une petite ferme prédagogique quand j'ai pris la décision d'acheter un (petit) tracteur pour nous aider dans nos travaux quotidiens. N'ayant pas de gros moyen financier, j'ai fait passer une petite annonce dans le journal local des petites annonces en précisant "petit prix".
J'ai tout de suite eu plusieurs réponse de paysans qui me proposaient des tracteurs plus ou moins en bon état et à des prix plus ou moins corrects.
J'ai commencé par aller voir celui qui était le plus proche de chez moi : c'était un Ferguson "Petit Gris" qu'un viticulteur avait gardé dans son hangar alors qu'il avait acheté un autre tracteur roulant au gasoil, plus récent et plus pratique pour son activité. Il pensait aussi que vu l'âge du Ferguson, qu'il aurait du mal à le vendre dans ce coin où la plupart des paysans s'équipent de matériels plus récents et plus modernes, et, il faut bien le reconnaitre aussi, région où on a tendance à abandonner l'ancien véhicule qui n'est plus utilisé, voiture, tracteur, outils, remorque,... au bout d'un champ où en général il termine son existance en un tas de tôle rouillée que j'ai souvent rencontrés au hasard de mes balades champêtres.
Au début, il en voulait 200 euros. Prix très raisonnable mais l'engin n'avait pas tourné depuis plusieurs années et son propriétaire pensait sans doute qu'il démarrerait difficilement.
Le jour de ma visite, après avoir versé quelques litres d'essence dans le réservoir, le tracteur a démarré au quart de tour, et le paysan fut le premier surpris !
Après quelques minutes de discussion, je lui dit que j'étais intéressé et que je lui donnerai ma réponse définitive quelques jours plus tard car je devais aller voir un autre tracteur.
Finalement, 2 jours après, je le rappelais pour lui dire que je le prenais et que j'arrivais avec une remorque attelé à mon 4x4.
En arrivant chez le paysan, à sa tête, j'ai senti que quelque chose n'allait pas. En effet, il commença par me dire qu'il avait ce tracteur depuis bien longtemps, que finalement il marchait mieux que ce qu'il croyait, qu'il s'y était attaché , etc, etc, etc, ... (A l'époque, je ne comprenait pas qu'on puisse avoir quelque sentiment pour un vieux tracteur qui dormait dans un coin de hangar !).
Bref, rediscussion, puis le fait que son vieil ami (le tracteur) allait servir pour des soins à des animaux (chevaux, poney, chèvres, ...) dans une petite ferme pédagogique avec des enfants, il se laissa allé dans un généreux élan de bonté et accepta de céder l'engin mais pour 100 euros de plus,... donc à 300 euros.
Pour éviter qu'il change encore d'avis ou repartir dans une discussion interminable, j'ai payé les 300 euros immédiatement et nous avons signé les papiers de cession dans la foulée.
Quelques minutes après, devant le paysan qui tenait les billets à la main et me regardais d'un air qui laissait penser que le brave homme se demandait encore s'il avait fait une bonne affaire ou si il allait regretter son vieux destrier, je faisais monter le tracteur sur la remorque et je partais fièrement vers sa nouvelle demeure où il rendrait dorénavant de nouveaux services.
En cours de route, problème... Mon 4x4 commençait à brouter et avait du mal à tracter la remorque décorée de l'antiquité. Dans les quelques villages que j'arrivais à traverser péniblement à 30 à l'heure avec mon véhicule qui faisait un bruit assourdissant et une fumée abondante, les habitants me regardaient aussi surpris et amusés par le bruit et la fumée de ma voiture que par le vieux tracteur qui tronait sur la remorque accrochée derrière.
Malheureusement, à la première côte un peu plus raide, la voiture refusa obstinément de continuer et je m'arrétais sur le bas côté de la route. C'était déjà le soir et il faisait froid. Il fallait trouver une solution pour que le convoi puisse parcourir les quelques dix km qu'il me restait à faire pour arriver, et dans ce coin de la Provence, j'aurais du mal à trouver rapidement une dépanneuse et il était hors de question de laisser les 2 véhicules toute la nuit sur le bord d'une route un peu perdue en pleine campagne.
Et puis j'ai eu une idée ! J'avais rien à perdre, alors j'ai fait descendre le tracteur de la remorque, accroché cette dernière au tracteur qui possédait un crochet d'attelage au bricolage douteux mais apparamment solide, et j'ai péniblement hissé le 4x4 sur la remorque... et j'ai pu parcourir les derniers kms jusquà bon port !
Comme quoi, un tracteur tracté peut aussi être un tracté tracteur.
C'était un signe du destin. Mon nouveau tracteur était pressé de pouvoir commencer sa nouvelle vie dans une nouvelle exploitation, et ce fut donc le premier service que mon Ferguson Petit Gris me rendit.
Voilà, c'est une belle histoire n'est-ce pas ?
A bientôt
Zappix
Je dirigeais un poney club avec une petite ferme prédagogique quand j'ai pris la décision d'acheter un (petit) tracteur pour nous aider dans nos travaux quotidiens. N'ayant pas de gros moyen financier, j'ai fait passer une petite annonce dans le journal local des petites annonces en précisant "petit prix".
J'ai tout de suite eu plusieurs réponse de paysans qui me proposaient des tracteurs plus ou moins en bon état et à des prix plus ou moins corrects.
J'ai commencé par aller voir celui qui était le plus proche de chez moi : c'était un Ferguson "Petit Gris" qu'un viticulteur avait gardé dans son hangar alors qu'il avait acheté un autre tracteur roulant au gasoil, plus récent et plus pratique pour son activité. Il pensait aussi que vu l'âge du Ferguson, qu'il aurait du mal à le vendre dans ce coin où la plupart des paysans s'équipent de matériels plus récents et plus modernes, et, il faut bien le reconnaitre aussi, région où on a tendance à abandonner l'ancien véhicule qui n'est plus utilisé, voiture, tracteur, outils, remorque,... au bout d'un champ où en général il termine son existance en un tas de tôle rouillée que j'ai souvent rencontrés au hasard de mes balades champêtres.
Au début, il en voulait 200 euros. Prix très raisonnable mais l'engin n'avait pas tourné depuis plusieurs années et son propriétaire pensait sans doute qu'il démarrerait difficilement.
Le jour de ma visite, après avoir versé quelques litres d'essence dans le réservoir, le tracteur a démarré au quart de tour, et le paysan fut le premier surpris !
Après quelques minutes de discussion, je lui dit que j'étais intéressé et que je lui donnerai ma réponse définitive quelques jours plus tard car je devais aller voir un autre tracteur.
Finalement, 2 jours après, je le rappelais pour lui dire que je le prenais et que j'arrivais avec une remorque attelé à mon 4x4.
En arrivant chez le paysan, à sa tête, j'ai senti que quelque chose n'allait pas. En effet, il commença par me dire qu'il avait ce tracteur depuis bien longtemps, que finalement il marchait mieux que ce qu'il croyait, qu'il s'y était attaché , etc, etc, etc, ... (A l'époque, je ne comprenait pas qu'on puisse avoir quelque sentiment pour un vieux tracteur qui dormait dans un coin de hangar !).
Bref, rediscussion, puis le fait que son vieil ami (le tracteur) allait servir pour des soins à des animaux (chevaux, poney, chèvres, ...) dans une petite ferme pédagogique avec des enfants, il se laissa allé dans un généreux élan de bonté et accepta de céder l'engin mais pour 100 euros de plus,... donc à 300 euros.
Pour éviter qu'il change encore d'avis ou repartir dans une discussion interminable, j'ai payé les 300 euros immédiatement et nous avons signé les papiers de cession dans la foulée.
Quelques minutes après, devant le paysan qui tenait les billets à la main et me regardais d'un air qui laissait penser que le brave homme se demandait encore s'il avait fait une bonne affaire ou si il allait regretter son vieux destrier, je faisais monter le tracteur sur la remorque et je partais fièrement vers sa nouvelle demeure où il rendrait dorénavant de nouveaux services.
En cours de route, problème... Mon 4x4 commençait à brouter et avait du mal à tracter la remorque décorée de l'antiquité. Dans les quelques villages que j'arrivais à traverser péniblement à 30 à l'heure avec mon véhicule qui faisait un bruit assourdissant et une fumée abondante, les habitants me regardaient aussi surpris et amusés par le bruit et la fumée de ma voiture que par le vieux tracteur qui tronait sur la remorque accrochée derrière.
Malheureusement, à la première côte un peu plus raide, la voiture refusa obstinément de continuer et je m'arrétais sur le bas côté de la route. C'était déjà le soir et il faisait froid. Il fallait trouver une solution pour que le convoi puisse parcourir les quelques dix km qu'il me restait à faire pour arriver, et dans ce coin de la Provence, j'aurais du mal à trouver rapidement une dépanneuse et il était hors de question de laisser les 2 véhicules toute la nuit sur le bord d'une route un peu perdue en pleine campagne.
Et puis j'ai eu une idée ! J'avais rien à perdre, alors j'ai fait descendre le tracteur de la remorque, accroché cette dernière au tracteur qui possédait un crochet d'attelage au bricolage douteux mais apparamment solide, et j'ai péniblement hissé le 4x4 sur la remorque... et j'ai pu parcourir les derniers kms jusquà bon port !
Comme quoi, un tracteur tracté peut aussi être un tracté tracteur.
C'était un signe du destin. Mon nouveau tracteur était pressé de pouvoir commencer sa nouvelle vie dans une nouvelle exploitation, et ce fut donc le premier service que mon Ferguson Petit Gris me rendit.
Voilà, c'est une belle histoire n'est-ce pas ?
A bientôt
Zappix
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